Savoir qu'il ne faut rien attendre, mais attendre quand même...

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Savoir qu'il ne faut rien attendre, mais attendre quand même...

Surtout ne rien attendre, ne pas guetter le bruit du porche en bois quand il claque, et que le fracas résonne,

Ne pas attendre d'entendre, dans les secondes qui suivent, la porte d'entrée qui grince un peu, ni ta voix familière qui interpelle,

Ne plus attendre de réponse du quotidien, l'écho ne sera plus extérieur, il ne sera plus collectif, il me faudra guetter le souffle de l'intérieur.

Je ne suis pas allée samedi à la librairie acheter un bon cadeau pour la fête des pères, d'ailleurs je n'arrive plus à entrer dans une librairie, je n'arrive plus à lire, je n'ai pas envie d'autres histoires.

Je veux juste continuer de vivre la nôtre.

Où dois-aller pour la poursuivre, pour te retrouver ?

Le columbarium n'est pas ta maison, nous n'y avons pas de souvenirs partagés. Et pourtant, nous t'avons déposé là, le dernier après-midi de mai sous une pluie de novembre.

A deux pas de la maison, à une envolée de notre jardin, ce qu'il reste physiquement de toi est dans une urne,qui elle-même est dans une case, entourée d'autres cases, des restes d'autres hommes, d'autres histoires qui n'ont rien en commun avec la tienne.

Que fais-tu là bas alors que je suis ici ? Je sais qu'il ne faut plus rien attendre, qu'il faut juste que je fasse silence si je veux entendre, si je veux comprendre ce que tu me dis.

Je ne sais plus quelle direction suivre, il y a comme une urgence à faire les bons choix, surtout ne pas s'égarer, ne pas se perdre.

Je ne sais pas ce qu'il faut chercher, je sais juste qu'il ne faut pas attendre.

Tout devient urgent, il faut tout vivre mais vivre sans envie, ce n'est pas la vraie vie. Alors, il faut retrouver l'envie, mais comment ?

J'étais sûre que tu me ferais signe, que tu me guiderais, que je saurais interpréter chaque indice, mais je ne vois rien, et je me sens si seule.

Je sais que je ne suis pas la seule à souffrir, mais chaque souffrance est unique, la mienne aussi.

Souvent je la défie, je me fais croire que je suis devenue sportive, je la double et la dépasse, mais je suis si mal préparée, que je me fais rattraper.

Honteusement, je perds la course, toutes les courses, je suis désorientée.

Comme dirait un psy, je suis dissociée...

Aujourd'hui nous sommes dimanche, le 19 juin, le dimanche de la fête des pères et j'en crève de ne pouvoir te dire "bonne fête papa", alors je l'écris...je sais que tu ne pourras pas faire de commentaire à cet article...j'essaie...on ne sait jamais...

Essaie de me répondre quand même...trouve un moyen, improvise !!

Je ne sais pas si tu as trouvé des réponses, où si finalement les réponses aux questions essentielles que tu te posais sont de nouvelles questions posées dans une autre dimension.

J'espère que dans ta quête, tu t'es enfin trouvé, toi, l'architecte de ma vie...car pour moi, à part maman, il n'y a pas d'autre Grand Architecte dans l'univers...sauf preuve du contraire !

Pourtant, sois assuré que je vais chercher, nous nous retrouverons peut-être dans cette quête là.

Oui, Sois assuré, papa, que je vais faire de mon mieux.. laisse moi te dire les mots d'un auteur  que j'ai entendu ce matin :

"Dans une prochaine vie papa, j'aimerais te reprendre pour père" (Bernard Werber)

 

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C
Continue d'écrire.... Ecris-lui....
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