Je passerai te voir tout à l'heure...

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Je passerai te voir tout à l'heure...

Samedi 10 septembre, une journée particulière, quelques heures qui ont remué le chagrin, la douleur mais aussi l'indicible joie de rencontrer des hommes qui t'ont aimé, vraiment aimé, je crois.

Qui me l'ont dit, m'ont raconté leur parcours avec toi, pour certains pendant plus de vingt ans.

Et moi qui te cherche, chaque jour, dans les replis de mon âme, qui n'arrive pas à fixer mes souvenirs, qui ai peur d'oublier, peur de ne plus me rappeler ta voix, tes mains, ta si belle écriture, cela m'a bouleversé.

J'ai l'impression depuis samedi de ne plus être tout à fait la même. Mon envie permanente de te retrouver pour continuer à grandir est -elle raisonnable, si j'emprunte un chemin, si je suis une direction qui a été la tienne, suis-je sûre de t'y retrouver ??

Beaucoup de questionnements, de témoignages d'amitié m'invitent à m'engager sur une nouvelle route.

Est-ce toi qui me guide pour qu'à travers ton départ, je puisse aller à la rencontre de ce que je suis ??

Je ne sais pas, j'hésite et en même temps je sais que je le ferai ce chemin...pour aller vers toi d'abord...pour satisfaire ce besoin viscéral de poursuivre notre histoire.

Tu m'as laissée en plan, sans arme, au mitan de ma vie, complètement démunie, et je fais semblant d'être forte, de continuer d'avancer, de porter des projets et des envies.

Je ne me morfonds pas (tu détestais les chouineuses !), la vie continue d'être jolie mais je suis amputée d'une part de moi-même, sans pouvoir préciser laquelle.

Alors la douleur est partout, insidieuse, elle se diffuse chaque jour dans un organe différent. Elle atrophie des parcelles de mon corps pendant des temps plus ou moins long, sans jamais me paralyser totalement.

Samedi, quelqu'un qui était proche de toi, et que je ne connaissais pas,  m'a dit, que depuis ton départ, il y a avait un trou, un trou béant que rien ne comblait, et que tu lui manquais.

Il avait les larmes aux yeux, alors imagine pour nous, ce trou est une faille, un abîme...

Quand il passe devant chez toi, il pense sans cesse à toi ;  et moi je repense sans cesse à ce lundi 30 mai, quand tu es passé pour la dernière fois devant chez toi et que tu ne t'es pas arrêté, et au mardi 31 mai lorsque tu es passé en bas de chez moi, sans t'arrêter davantage.

Alors pour apaiser le manque, et le besoin physique de te voir, naïvement je vais au cimetière.

Je sais que ce que tu as été n'y est pas, ou pas vraiment, mais le cadre paisible et les fleurs que nous déposons pour toi, dans le petit vase collé sur la plaque de marbre, que nous choisissons avec un soin extrême, me donnent l'impression de te retrouver, de te voir (puisque nous avons mis une photo de toi, la dernière que j'ai prise de toi le 29 décembre 2015, avant l'exposition sur l'Egypte à l'Institut du Monde Arabe).

Cela me rassure que le cimetière soit si près de la maison, qu'il soit ouvert de 8h à 19h00 en cette période, et même avant 8h00, car le matin que peux passer te voir vers 7h45 avant de m'engager sur la N12.

Je ne veux pas que le cimetière ferme la nuit, je veux pouvoir venir à tout moment !

Ne crois pas que je suis en colère, je m'emporte beaucoup moins qu'avant, j'ai juste en permanence au fond de moi une tristesse qui est à la fois silencieuse et bruyante, qui est indolore et infiniment douloureuse...

Ce soir avant de rentrer, je passerai te voir...il faut que je te parle de mes nouveaux projets...à toute à l'heure papa.

 

 

 

 

 

 

 

 

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